Mercredi des cendres
Abbé Jean Compazieu | 22 février 2022Ensemble,
revenez à moi de tout votre cœur
Homélie
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En ce jour du mercredi des Cendres, nous entrons dans le temps du Carême. Avant toute chose, nous devons nous demander ce qu’est le Carême. Si nous cherchons dans le dictionnaire, nous lisons que c’est un temps de pénitence. Il associe ce mot aux expressions “face de carême… visage pale, triste, maussade”. Beaucoup de chrétiens ne voient cette période que sous son aspect négatif. On y parle beaucoup de renoncements et d’efforts (même si on n’en fait aucun). Un jour, j’ai demandé à des enfants s’ils savaient ce qu’est le carême. Quelqu’un m’a répondu : “On ne mange pas de viande.” Un autre a ajouté : “On ne mange pas de bonbons.” Un jour, un animateur de radio a cru bon de dire que le Carême est “tombé en désuétude”.
Et pourtant, ils sont de plus en plus nombreux ceux et celles qui veulent redonner à cette période toute sa valeur. Beaucoup sont abonnés à la “Retraite dans la Ville” sur Internet. D’autres se sont procuré des livrets qui les guideront tout au long de ces quarante jours. Et dans les paroisses, des efforts sont faits pour rendre le carême plus visible. Il ne tient qu’à nous de tout faire pour qu’il ne tombe pas en désuétude. Même si nous sommes très pris par nos diverses occupations, nous ferons tout pour remettre le Seigneur au centre de notre vie. Il compte sur chacun de nous pour donner au monde le témoignage de notre foi, de notre espérance et de notre amour.
C’est vrai que parmi les pratiques religieuses du carême, l’aumône, le jeûne et la prière tiennent une place de la plus haute importance. Mais si nous jeûnons, ce n’est pas pour le plaisir de nous imposer des mortifications. L’essentiel est ailleurs. Si Jésus nous demande de tout laisser pour le suivre, c’est parce qu’il a beaucoup mieux à nous proposer. C’est un peu comme pour celui qui veut construire une maison. Il prendra soin d’éviter toutes les dépenses inutiles, sinon il n’y arrivera pas. Ce bien supérieur qui nous est proposé, c’est Dieu, c’est son amour, son Royaume. Voilà le vrai but de notre vie. Et il importe que nous nous libérions de tout ce qui pourrait faire obstacle à notre marche à la suite du Christ.
Si nous jeûnons, c’est aussi pour partager avec ceux qui ont faim. Ils sont de plus en plus nombreux ceux et celles qui ne vivent qu’avec quelques euros par jour, même chez nous en France. Chaque année, le CCFD Terre Solidaire nous sensibilise à la situation dramatique de ces populations. Il ne s’agit pas de leur donner de la nourriture ou de l’argent mais de les soutenir et les accompagner dans un projet de reconstruction et de développement. C’est ainsi que nous les aiderons à sortir de la misère. C’est à nos gestes de partage et de solidarité que nous serons reconnus comme disciples du Christ. Rappelons-nous : Tout ce que nous aurons fait au plus petit d’entre les siens, c’est aussi à lui que nous l’aurons fait.
Ceci dit, l’Évangile nous met en garde contre certaines dérives. L’aumône, la prière et le jeûne, c’est important ; c’est même nécessaire. Mais le Christ nous avertit : “Si vous voulez agir comme des justes, évitez d’agir devant les hommes pour vous faire remarquer.” Nous vivons dans un monde de performance et de compétition. Ce sont les meilleurs qui sont mis en avant. Ils cherchent à obtenir la gloire qui vient des hommes. Cette gloire, ce n’est que du vent. Cela ne sert à rien de courir après les honneurs. L’essentiel est ailleurs. Dieu voit ce que nous faisons dans le secret. Il nous le revaudra. Nos pratiques religieuses doivent refléter une sincérité intérieure. Jésus nous invite à tout faire non pour nous-mêmes ou pour notre image mais seulement pour Dieu. Sincérité, discrétion et humilité nous ouvrent à la grâce surabondante de notre Père qui nous le revaudra.
Un dernier point : Jésus s’adresse à des disciples réunis autour de lui sur la montagne. Cette montagne c’est le lieu symbolique de la présence de Dieu. C’est là qu’il nous appelle à le rejoindre pour accueillir sa Parole. Tout au long du Carême, nous entendrons des appels à revenir vers lui de tout notre cœur et à accueillir son amour, un amour qui dépasse tout ce que nous pouvons imaginer. Le Christ ne cesse de nous faire comprendre que nous sommes son seul souci. Alors, ne restons pas à mi-chemin de lui. Tournons-nous vers celui qui veut nous associer à sa victoire sur la mort et le péché. Que cette promesse nourrisse notre espérance et notre amour.
Oui, Seigneur, donne-nous de savoir désencombrer nos cœurs et nos vies pour être capables de t’accueillir, toi qui n’as jamais cessé de nous aimer. Amen
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